En ce doux printemps qui plane sur la politique française, une date symbolique pèse de son poids conséquent sur le calendrier électoral. Le 21 avril, date marquant l’horizon politique de notre chère patrie depuis une éternité de 23 ans, voit resurgir les spectres de notre passé politique. Avec à peine plus de 16% à son actif le soir du premier tour, Jean-Marie Le Pen, figure emblématique et controversée du Front National, avait grillé la politesse à Lionel Jospin pour un siège au second tour de l’élection présidentielle, une première historique.
Depuis, loin de l’émoi suscité par cet événement autrefois, l’extrême droite semble avoir trouvé un certain confort dans ce deuxième tour. Une habitude? Non, plutôt un signe d’une étrange banalisation de cette ascension fulgurante.
En effet, l’étonnement de la présence d’un candidat du Rassemblement National (RN, anciennement FN) au second tour de la présidentielle, autrefois sentiment dominant dans l’électorat français, semble s’évaporer comme neige au soleil. Une véritable métamorphose de l’attitude du pays qui doit conduire à une interrogation profonde sur l’évolution de la scène politique nationale.
Pourquoi cette accoutumance à la présence de l’extrême droite au second tour n’étonne plus? Serait-ce le témoignage d’une certaine résignation collective face à une montée des extrêmes qui, disons-le, est loin d’être un phénomène isolé au pays du Brie et du Baguette?
Il est inquiétant de constater que ce qui était autrefois considéré comme un choc se transforme progressivement en une norme acceptée. Alors, que se passe-t-il dans les cerveaux des électeurs français ? Serait-ce là le signe d’un paysage politique qui perd ses repères ou plutôt d’une société qui, fatiguée des déboires politiques des « modérés », cherche à donner une chance à ceux qui se trouvent en marge ?
Pourtant, il serait erroné de laisser le scepticisme nous envahir face à cette évolution. Le second tour d’une élection présidentielle doit toujours être vu comme un choix crucial, quel que soit le candidat ou le parti qui se dresse face à nous.