Il faut croire que Broadcom se voit en danseur de flamenco technologique, multipliant à l’envi les pas sinueux et imprévisibles autour de l’hyperviseur ESXi de VMware. Comment expliquer autrement les récentes turbulences qui ont secoué la compagnie et ses partenaires, victimes d’une politique aussi nébuleuse que le discours d’un politicien en campagne ?
Il y a quelques semaines à peine, les clients de Broadcom étaient alertés d’une inflation rampante qui menaçait leur portefeuille. Les partenaires, mi-amusés mi-consternés, sonnaient alors le glas d’un calme relatif et agitaient le spectre d’une hausse des prix qui avait sans doute vocation à égaler celle de l’immobilier à San Francisco. Bienvenue dans le monde merveilleux de la technologie, où l’on décide d’un jour à l’autre de plumer le consommateur avec une insouciance déconcertante.
Mais Broadcom, dans un élan de générosité qui ne la caractérise guère, a décidé de prendre à contrepied la logique du marché. Après avoir chaudement recommandé à ses clients de creuser un peu plus profondément dans leurs poches, la firme joue maintenant les Pères Noël en plein mois d’août, avec le retour en grande pompe d’une version gratuite de l’hyperviseur ESXi.
Étrange stratégie que celle de Broadcom. Faire grimper les prix pour mieux les casser ? Ou peut-être est-ce l’expression d’un désir inavoué de s’inscrire dans le folklore de la Silicon Valley, cette terre où règne le paradoxe et où la contradiction est le nouveau noir. Broadcom semble vouloir marcher dans les pas de ses illustres prédécesseurs, jonglant avec les tarifs et la patience de ses clients comme un prestidigitateur avec ses cartes.
Et pourtant, malgré ce jeu digne d’une série Netflix, il faut admettre que Broadcom a réussi un joli coup. En effet, qui pourrait reprocher à la firme de redistribuer gracieusement un service autrefois payant ? Personne. Et c’est bien là toute la subtilité de la manœuvre. Broadcom a joué sur l’effet de surprise, et force est de constater que l’on reste bouche bée devant ce retournement de situation. Un coup de maître à saluer, sous réserve de ne pas voir réapparaître une nouvelle hausse des prix d’ici quelques semaines… C’est ça, le charme irrésistible de l’industrie technologique.
