Disons-le sans ambages, le Grand Cirque de l’Antiterrorisme a offert une nouvelle représentation. Cette fois, avec un numéro d’équilibrisme judiciaire exécuté par nul autre que Monsieur Olivier Christen, procureur national antiterroriste, qui nous assure d’un ton pétillant d’indifférence : « Pour l’heure, il n’y a pas de piste privilégiée ». Un pas de danse empreint d’une ironie cruelle, face au chaos que connaissent les prisons françaises.
Il serait bien réducteur d’affirmer que ces propos du procureur répondent simplement à une certaine inertie administrative. Ils sont plutôt le reflet d’une justice en état de léthargie profonde, manifestement plus préoccupée par les douloureuses éruptions de bureaucratie que par le climat de violence qui règne dans les établissements carcéraux de l’Hexagone.
Des établissements qui ont été le théâtre de « nouveaux incidents » – euphémisme du jour, bonjour – survenus le lendemain d’actions coordonnées contre ces lieux de joyeuseté, de réhabilitation et de croissants chauds tous les matins (note pour le deuxième degré, mes chers lecteurs).
Et comme pour mieux souligner l’implacabilité de l’incurie ambiante, M. Christen nous précise qu’il n’y a pas eu d’arrestation, ni de ciblage spécifique de profils. Parce que, bien sûr, pourquoi viendrait-on troubler le thé cinq heures en arrêtant des individus potentiellement impliqués dans ces attaques ? Pourquoi mettrait-on l’énergie nécessaire à profilage minutieux de ces brigands modernes, quand on peut si aisément détourner le regard ?
Le flou artistique n’a jamais été aussi politiquement correct, si l’on se fie aux déclarations de notre cher procureur national antiterroriste. Un flou qui apparaît comme une réponse magistralement incompétente aux défis posés par ces attaques de prisons. Mais après tout, comme pourrait le dire M. Christen en paraphrasant la célèbre formule de Coco Chanel : « L’indifférence est la meilleure des réponses à tout ». En effet, à quoi bon résoudre une crise quand on peut simplement… la nier ?