Ce qui se dessine comme un nouvel évangile économique du gouvernement ressemble plus à un sketch tragicomique : il faut travailler plus, pardi ! Une injonction présentée comme un remède miracle à nos maux fiscaux qui pourrait bien sauver les comptes publics, toujours au bord du précipice. Et qui sont les nouveaux champions de ce marathon du boulot ? Les séniors, bien évidemment ! Qu’ils restent actifs jusqu’à 60 ans et plus, au diable les préretraites, toutes voiles dehors vers l’âge d’or du travail !
Mais, et il y a toujours un « mais » dans ces belles histoires qu’on nous raconte, une étude de l’Unedic, telle une douche froide, nous ramène à la réalité. Et cette réalité, c’est celle d’un marché du travail qui tourne le dos aux plus de 56 ans. « Difficile » serait un euphémisme pour décrire le parcours du combattant que représente la recherche d’emploi à cet âge. « Extrêmement difficile », nous dit l’Unedic, voilà qui est plus précis.
Ce décrochage n’est pas une fatalité, c’est le fruit d’un système qui valorise la jeunesse, la flexibilité et l’innovation au détriment de l’expérience, de la séniorité et de la stabilité. Si le gouvernement souhaite réellement transformer sa rhétorique en action, il devra repenser de fond en comble notre modèle économique et social. Autrement, son mot d’ordre de travail des séniors risque de rester une promesse en l’air, un ballon d’essai lancé sans conviction, un vœu pieux pour apaiser les esprits sans véritablement changer la donne.
Bref, avant de lancer de grandes injonctions, il serait bon de se rappeler que la réalité du terrain est souvent bien plus récalcitrante que les théories économiques. Les séniors méritent mieux que d’être les victimes d’une politique de l’emploi qui rappelle les promesses non tenues d’hier. Ils méritent une vraie reconnaissance, une place de choix dans notre société, et surtout, un regard bienveillant et encourageant envers leur engagement au travail.
